Une carte de 1781 des allottements des terres attribuées à Pointe-Claire confirme que les cinq fils de Claude Daoust et Ursule Jamme dit Carrière y possédaient des lots. Quelques années plus tard, plusieurs avaient déménagé à St-Benoit dans le comté de Deux Montagnes au nord de Laval. Certains jeunes hommes de paroisses bien établies telle Pointe-Claire ont déserté pour de nouvelles terres. Les fils de Claude ont tout de même décidé de quitter pour d'autres horizons. Si on se réfère à l'histoire de la fin du 18ieme siècle, nous réalisons que l'époque était tumultueuse. On y sentait beaucoup d'insatisfaction, de discorde et même de la révolte!! L'augmentation des taxes d'une population grandissante à Pointe-Claire accroissait le désir des résidents d'aspirer à un meilleur niveau de vie.
La paroisse de St-Benoit faisait auparavant partie de la "Seigneurie du Lac des Deux Montagnes" fondée en 1717. Elle était situé au nord-ouest de l'île de Laval soit à l'ouest de la "Seigneurie des Milles Iles". Tout comme pour l'île de Montréal, les seigneurs étaient les Pères de l'ordre des Sulpiciens.
Initialement, cette communauté distribuait les terres sur l'île de Montréal sauf qu'à l'époque de la Conquête, la plupart avait déjà été attribuées. Ils ont alors décidé de distribuer leurs terres à leur seigneurie au nord de l'île. La première concession de terre en cette région fut concêdée le 28 avril 1780 au rang St-Etienne. Les années subséquentes, plusieurs terrains ont été distribués et brûlés par leurs concessionaires pour les déchifrer. Cette region est donc devenue "Le Grand Brûlé". A la fin du 18ieme siècle, plusieurs terrains avaient été alloués.
Le 12 octobre 1796, une parcelle de terre a été achetée afin d'y construire une église, un presbytère et un cimetière; le tout notarié par P.R. Gagnier. Le 16 mars 1796, la région connue sous le nom du "Grand Brûlé" a changé d'appellation pour St-Benoît. Le premier curé à occuper les lieux saints en novembre 1799 se nommait Jean-Louis Sauvage de Chantillonet (1799 -1800) de l'ordre des sulpiciens. Le 9 novembre 1799, la paroisse de St-Benoit est alors devenue officiellement la paroisse de la Seigneurie selon le premier acte civil.
Un acte notarié de J. Girouard du 11 mai 1822 englobe les étapes nécessaires à la construction d'une "vraie" église. Une document complet enrégistre toutes les dépenses relatives à sa construction et dimensions. Le tout devait se régler sur une période de dix ans échelonnée en douze paiements (un à tous les dix mois) avec les paroissiens. Le montant à débourser était basé sur le revenu de chaque famille. Cette liste nous à permis de connaître les noms des paroissiens, leurs locaisations et les habitants du village!
Augustin Daoust ne figure pas sur cette liste parce qu'il avait acheté une terre en 1803 revendue avec profit l'année suivante. En 1808. il s'est offert un autre terrain dont il s'est départi en 1810. Ces faits expliquent pourquoi il était paroissien de St-Benoit le 26 septembre 1808 lors de son mariage à Marie Louise Charbonneau. Ses deux premiers fils ont été baptisés en l'église de St Benoit. Les beaux-parents d 'Augustin, Joseph Charbonneau et Marie Chartrand, lui ont donné une terre le 28 juillet 1815 à St-Eustache. Ceci faisait partie de l'héritage de l'épouse d'Augustin.
Le recensement de 1831 démontrait que la population de Saint-Benoit était essentiellement francophone. Plusieurs nouveaux arrivants issus de vieilles paroisses ne pouvaient s'y établir car les terres étaient déjà toutes allouées. Selon ce même recencement, la population comptait approximativement 4,662 habitants. De ce nombre, seulement quelques-uns demeuraient dans le village actuel. La majorité était des cultivateurs. Ils avaient de grandes familles dont 50% de la population âgée de 15 ans et moins.
Les recencements de 1825 et 1831 à Saint-Eustache nous apprennent qu'Augustin (fils de Claude et Ursule Jamme de Carrière) résidait sur la Côte St-Louis. Il habitait la section nord de cette route laquelle deviendrait partie intégrale de la nouvelle paroisse de Saint Augustin en 1840 . Au recencement de 1842, nous ne pouvons le retracer dans aucune de ces paroisses. Au régistre de Sainte-Thérèse, on y retrouve l'acte de mariage de son fils Augustin à Olive Graton en 1842. On y stipule également que son père est décédé en 1832 à l'age de 52 ans.
Le recencement de Saint Eustache de 1825 nous donne les informations suivantes relatives à Augustin Daoust: Il résidait sur la Côte Saint-Louis avec quatre membres de sa famille.
Celui de 1831 nous renseigne davantage à propos de la famille d'Augustin:
Nord de la petit rivière
Montée des Bisettes
La continuation de la Côte St-Louis.
Augustin Daoust: cultivateur
Membres de la famille: 5
Nombres d'enfants âgés de 5 ans et moins: 1 (Rosalie avait environ 3 ans)
Nombres d'enfants âgés de 5 à 14 ans: 1 (Augustin avait 9 ans)
Célibataires mâles de 14 à 18 ans: 1 (Claude était âgé de 17 ans, Joseph leur fils
aîné est mort peu après sa naissance).
Hommes mariés de 30 à 60 ans: 1 (Augustin a 52 ans).
Femmes de 14 à 45 ans: 1 (Marie Louise fêtera ses 45 ans cette même année).
Nombres de catholiques: 5
Nombres d'arpents occupés par la famille: 90
Nombres d'arpents cultivés: 76
Nombres de minots de blés: 200
Nombres de minots de pois: 19
Nombres de minots d'avoine: 60
Nombres de minots d'orge: 20
Nombres de minots de patates: 200
Nombres de vaches: 14
Nombres de chevaux: 3
Nombres de moutons: 17
Nombres de cochons: 7
Tel que mentionné précédemment, Augustin est mort en 1832 à l'âge de 52 ans. Veuve à 46 ans, son épouse Marie Louise Charbonneau devait donc subvenir aux besoins de leurs enfants. Leur plus jeune enfant. Rosianne, n'avait que quatre ans tandis qu'Augustin était alors âgé de dix ans. Leur fils aîné prénommé Claude a épousé Emilie Touchette le 23 juillet soit deux mois avant le décès de son père.
Pourquoi Augustin est-il mort si jeune? La réponse pourrait peut-être s'expliquer par un grand événement de l'époque. En effet, cinquante mille personnes de tous âges ont débarqué aux portes de Québec et Montréal en 1831. Certains d'entre eux étaient bourgeois mais la plupart étaient immigrants Irlandais fuyant la famine et certains autres désiraient s'échapper des quartiers malfamés des grandes villes anglaises. Avec cet afflux de déportés, tous craignaient la contamination du choléra qui se propageait en Inde et en Europe. En 1832 une station de quatantaine a été établie à Grosse Île aux abords de Québec. Le 13 juin de cette même année, l'épidémie dénombrait 94 cas de choléra à Québec en 24 heures et 23 personnes en sont mortes. Le 15 juin, 1204 nouveaux cas ont causé 230 décês. Le mal s'est immédiatement propagé à Montréal. Verdict du 26 juin : 3384 cas dont 947 morts. Parmi les 52,000 personnes nouvellement arrivées à Grosse Ile en août, 24,000 étaient infectées. On évaluait le nombre de morts causé par le choléra à 3800 à Québec et 4000 à Montréal. A la mi-septembre l'épidémie semblait enrayée mais elle a ressurgie deux ans plus tard. Augustin est décédé le 15 septembre 1832; en a-t-il été victime?
Voici un court résumé de la vie de l'épouse d'Augustin. Marie Louise Charbonneau avait comme ancêtres: Olivier Charbonneau et Marie Garnier. Olivier avait signé un contrat le 16 juin 1659 avec le notaire Demontreau à la Rochelle. Dans ce document, il promettait de rembourser une dette de 175 livres à Jeanne Mance. Tous deux ont signé l'acte pour le paiement des passages vers la Nouvelle France. Olivier, Marie et leur fille, Anne ont traversé l'Atlantique à bord du paquebot St André. Ils sont arrivés à Montréal le 20 septembre 1660 accompagnés de Marguerite Bourgeois, tante de Marie. On reconnaît Olivier Charbonneau comme l'un des premiers pionniers de Montréal. Les baptêmes de ses quatres enfants sont consignés au premier régistre de Notre Dame de Montréal (Joseph en 1660, Jean en 1662, Elisabeth en 1664 et Michel en 1666). Olivier a obtenu une concesssion de terre à côté de celle appartenant à Marguerite Bourgeois de la Congrégation de Notre Dame. En 1668, il détenait avec Pierre Dagenais, un moulin à eau sur le St-Laurent à Pointe-aux-Trembles. Le 22 janvier 1675, Olivier Charbonneau et son gendre Guillaume Lebel ont obtenu les premières terres sur l'île Jésus (Laval). Il est mort à Rivière-des- Prairies oû il a été enterré le 20 novembre 1687.
Un an après le décès de son mari soit le 20 mai 1833, Marie Louise Charbonneau s'est remariée dans la paroisse de St-Eustache. Elle épousa Pierre Charles Lajeunesse qui était le fils de feu Louis Charles Lajeunesse, cultivateur et de Louise Boileau de St-Benoit. Parmi les invités, on retrouve Michel Charbonneau, frère de la mariée ainsi que son fils, Claude Daoust alors âgé de 19 ans.
En 1842, Augustin, fils de Marie Louise Charbonneau a épousé Olive Gratton. Elle avait assisté à leur noces accompagné de son mari, Pierre Charles Lajeunesse. Le document nous informe qu'ils étaient paroissiens de St-Augustin. En 1849, Marie Louise accompagnée de Pierre mariait sa fille Rosianne à Olivier Meloche toujours résidents de St-Augustin.
Marie Louise Charbonneau est décédée le 1er novembre 1869 et a été enterrée au cimetière de St-Augustin le 3 novembre.
Pierre Charles Lajeunesse est mort le 9 octobre 1873 à l'âge de 73 ans et 7 mois, puis inhumé également à St-Augustin.
AUGUSTIN DAOUST (1779 -1832),
est né et a passé sa jeunesse à Pointe Claire avant de déménager à St-Benoit puis à St-Augustin (toujours dénommé St-Eustache durant sa vie). Voici les évenements qui ont marqué sa vie selon les registres des églises et des actes notariés. Nous progressons toujours!!
Le 23 octobre 1779 Ste-Geneviève de Pierrefonds
Né ce jour..
parrain: Toussaint Damour
marraine: Catherine Langevin
Le 14 February 1789 St-Eustache (District de Montréal)
Gagnier, P.R.:
Contrat de mariage de Joseph Charbonneau fils du feu Joseph et Marie Louise Valiquet; et Marie Chartran fille de Paul Chartran et Marie Laporte.
Ce sont les parents de Marie Louise Charbonneau qui est née le 18 november 1790. Elle a épousé Augustin Daoust en 1808.
Le 19 fevrier 1803 St-Eustache (District de Montréal)
Gagnier, P.R.:
Vente d'une concession de terre situé à St-Benoit dans la censive de la seigneurie du lac des Deux Montagnes par Jean Laroche de la paroisse et seigneurie d'Augenteuil à Augustin Daoust, fils de Claude Daoust habitant de la paroisse de Ste-Geneviève.
Cette terre mesurait trois arpens de front sur trente arpens de profondeur. Elle était située au sud-ouest de la côte St Vincent. Les voisins étaient Paul Ménard d'un côté et Jean Baptiste Couvrette de l'autre coté. Le prix de l'achat était de 710 livres.
Le 5 decembre 5 1803 St-Eustache (District de Montréal)
Gagnier, P.R.:
Vente d'une concession de terre situé à St-Benoit acheté en février de la même année par Augustin Daoust, célibataire, resident de la paroisse de Ste-Geneviève à Jean-Baptiste Leblond dit Casseau, resident de Ste Anne.
Le prix de vent était de 840 livres
Le 2 janvier 1808 Pointe-Claire (District de Montréal)
Thibaudeau, L.:
Vente d une concession de terre par Luc Lalonde resident de la côte St Vincent dans la paroisse de St-Benoit à Augustin Daoust, resident du Cap-St-Jacques dans la paroisse de Ste-Geneviève. C'est l'année du mariage d'Augustin à Marie Louise Charbonneau.
Augustin a acquis une terre de trios par trente arpens (de front) sur la Côte St-Vincent à St-Benoit. Elle se situe entre les terres d'Antoine Lefebvre et de Joachim Ladouceur. Le lot avait une maison et une étable. Le prix de vente était de 1200 livres.
Le 26 septembre 1808 St-Eustache
Augustin Daoust de la paroisse de St-Benoit, agé de 28 ans, fils de Claude et Ursule Jamme dit Carriere residents de Ste-Geneviève a épousé Marie Louise Charbonneau, 18 ans mineur fille de Joseph et Marie Chartrand de St Eustache.
Le 7 avril 1810 St-Eustache (District de Montréal)
Gagnier, P.R.:
Vente d'une concession de terre sur la Côte St-Vincent à St Benoit par Augustin Daoust, en présense de Marie Louise Charbonneau, son épouse résidente du Petit Brulé de St-Benoit à Augustin Taillefer, résident de la Côte St-Louis.
Il est mentionné que Marie Louise Charbonneau est mineure. Cette terre se situ entre celle de Louis Leblond et d'Antoine Lefebvre.
Le 28 juillet 1815 St-Eustache (District de Montréal)
Gagnier, P.R.:
Don d'une concession de terre par Joseph et Marie Charbonneau, qui sont tous deux d'âge mûr, à leur gendre Augustin Daoust et leur fille Marie Louise Charbonneau.
La terre est sur la Côte St-Louis et a quatre arpens de front par vingt-deux de profondeur. Le lot se situe entre le Petit Brulé et la Côte St-Augustin. Au coin nord-est, elle touche la terre de Joseph Proult dit Clément et de l'autre côté elle rejoint celle de Jean Marie Label. Sur la terre elle-même, il y a une maison de bois et une grange. Le don inclus également un cheval roux âgé de 17 ans, 12 moutons, 4 agneaux , une vache de 4 ans, un poêle de fonte, etc.
Le 31 août 1815 St-Eustache (District de Montréal)
Gagnier, P.R.:
Testament de Joseph Charbonneau. Il lègue la moitié d'une concession de terre décrite ci-haut (28/07/1815) à leur fille Marie Louise Charbonneau et son époux Augustin Daoust.
Le 23 novembre 1824 St-Eustache (District de Montréal)
MacKay, S.:
Transport de 637 livres de la part de Joseph Charbonneau, fils à Augustin Daoust.
Ce montant est dû à Augustin Daoust par son beau-père Joseph Charbonneau, père. Il fait parti de la succession.
Le 22 fevrier 1831 St Eustache (District de Montréal)
Berthelot, J.A.:
Quittance de 563 livres pour la balance de 583 livres due à Augustin Daoust par Joseph Charbonneau.
Le 10 octobre 1850 St Eustache (District de Montréal)
Labelle, J:
Obligation de Joseph Daout à Pierre Charles Lajeunesse (deuxième époux de Marie Louise Charbonneau, veuve d'Augustin Daout).